ALAIN TRIOEN est né à Paris, dans le quartier de Montparnasse, en 1938.
Sa famille maternelle, d’origine flamande, aura bien du mal à saisir cet enfant rêveur, peu scolaire. Il recevra une éducation bourgeoise, catholique et fera sa scolarité au collège Stanislas. Mais très vite sa famille lui imposera une formation de maroquinier gainier. Les matières lui plaisent (cuir. tissus) et cette formation lui sera utile lors de sa période « collage ».
C’est l’époque de Saint-Germain-des-Prés, la vie de bohème… Le dessin et la peinture l’intéressent davantage : il reproduit des tableaux de Maîtres à la craie sur les trottoirs du boulevard Montparnasse, certains passants voudraient acheter… Ses dons en dessin et peinture le jettent dans la passion de son art. Il peint à l’huile. Ses tableaux sont figuratifs et d’inspiration fauviste après une courte période cubiste.
De 1960 à 1966, il se forme dans différentes académies : Julian, Lhote, la Grande Chaumière… Il expose ses peintures plusieurs années de suite à la Biennale de Paris et au salon des Artistes Français.
En 1968, il devient allergique à l’essence de térébenthine et abandonne l’huile par nécessité. Il cherche une nouvelle voie : collages quasi abstraits avec de nombreuses matières : papier, tissu. allumettes, clous. pierres, écorces… Il commence la sculpture sur pierre, puis la terre et le moulage qu’il apprend avec le grand maître Cappelli.
C’est durant l’été 1969, à Châtillon-en-Diois, alors qu’il sculpte la pierre, (toujours pressé et rapide) qu’il recevra un éclat de sa masse dans l’œil et le perdra.
En 1972, il entre aux Beaux-Arts dans l’atelier de sculpture de César et celui de Licata, (mosaïque).
En 1980, il retourne à la peinture et après une brève tentative à l’acrylique, il choisit la gouache à base de cadmium. Il accomplit alors son œuvre figurative: paysages, portraits, nus, natures mortes.
Dès 1965, il avait commencé à exposer:
La biennale de Paris (1965), les salons des Artistes Français et Comparaisons plusieurs années de suite (1967à 1972), exposition de collage au centre culturel de Meudon (1972)…
Expositions de mosaïques et collages: biennale de Ravenne (1976), bilan de l’art contemporain à Québec (1980-1981), et différentes galeries à Paris.
Début des années 80, il expose collages, sculptures et gouaches: Salon de Mai, Espace Cardin et centres culturels.
Dans les années 90, peintures et fusains à la Rotonde, quarante portraits de femmes à la Coupole, paysages à l’Assemblée nationale.
En Avril 1999 il est sollicité pour exposer 11 tableaux représentant le Jardin du Luxembourg afin que l’un d’entre eux illustre la carte à puce symbolique du lancement de l’Euro. Cette exposition eut lieu à Nice, au Negresco.
Il construit son œuvre et travaille ses tableaux comme les pages d’un livre qui se suivent avec cohérence.
Mais, en 2001, un cancer d’une amygdale se déclare, il est opéré et malgré le traitement, continue à travailler, à peindre, peindre… Et à enseigner.
TRIOEN PEDAGOGUE
Si la peinture et l’art en général emplit sa vie sans discontinuer, il aime aussi enseigner et trouve un équilibre entre ces deux activités.
Dès 1976, il enseigne le dessin à des enfants sourds profonds, puis donne des cours dans différents comités d’entreprises (Honeywell-Bull, Elf Antargaz. Schlumberger…) et au centre de culture du Premier ministre à Matignon.
Il donne des cours particuliers ou par petits groupes. Il aime transmettre. Plein de rigueur dans son enseignement, il insiste d’abord et avant tout sur la composition d’un tableau et sur le dessin. Il apprend à regarder ! Ses élèves l’appellent «Maître» mais la gaieté et l’humour sont toujours présents.
Il est généreux et pédagogue, chacun a le sentiment de progresser et grandir, certains même soigneront leur dépression grâce au travail qu’il leur propose. Ses élèves ne l’oublient pas : admirent l’artiste et manifestent estime et reconnaissance au « Maître ».
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Pendant trente-cinq ans, il vivra à Meudon.
Il avait découvert, dès les années après-guerre, ce havre de calme avec sa famille qui louait chaque été une maison à Bellevue.
Il rencontre, à la fin des années cinquante, par l’entremise de Claude Servajean, toute sa famille qui vit à l’Observatoire où Roger Servajean est astronome. Une atmosphère culturelle intense y règne: la science, la musique, la peinture, la poésie et même la politique ! Tout naturellement, Trioen s’intègre dans cette famille passionnée. Roger Servajean, lui-même artiste, reconnaîtra rapidement l’artiste puissant qu’est Alain Trioen.
En 1970. il devient le compagnon de Nadine Servajean à Meudon. Son atelier est à Montparnasse et étant un grand marcheur, il ira souvent à pied.
Il n’ignore pas les artistes de Meudon, d’ailleurs il fera fondre en bronze une de ses sculptures par Clementi.
Un cours pour adolescents sera organisé début des années 90 à Meudon. La plupart de ces jeunes, adultes aujourd’hui, ont développé leur talent grâce à lui et ont choisi les métiers de graphiste ou designer dans lesquels ils réussissent. Ils n’oublient ni le maître ni l’homme.
Il décède à Meudon au début de septembre 2005.
Nadine Servajean